Exquis cadavres



Edward Gorey est un chic type.
Grâce à ses Gashlycrumb Tinies, on peut se régaler, la conscience en paix, de la fin drôlement tragique de toupetinenfants sans passer pour un psychopathe.
Dans ce qui se présente comme un abécédaire délicieusement macabre, page après page un enfant succombe des suites du plus banal des accidents domestiques du au crime le plus abominable.
Les illustrations angoissantes à l'encre noire contrastent avec l’apparente légèreté du texte qui,par sa construction en alexandrins rimant deux par deux, sonne à l’oreille comme une innocente comptine . Et c’est précisément ce décalage qui rend la lecture jubilatoire.

La sérendipité fait toujours bien les choses. Je ne me souviens plus par quels chemins détournés je suis arrivé à m’intéresser à ce livre dont l’auteur m’était totalement inconnu mais dont l'univers m’a tout de suite frappé par sa parenté avec La triste fin du petit enfant huître et autres histoires, de Tim Burton, ou même Les Noces funèbres ou L'étrange Noël de Mister Jack. Et pour cause ! J’ai appris par la suite que Gorey était l’une des influences majeures de Burton.

Alors que Gorey fait l’objet d’un véritable culte outre-Atlantique, son œuvre reste encore confidentielle en France (je me sens moins seul, tout d’un coup !). Il suffit d’une recherche rapide sur YouTube pour découvrir mille et une adaptations de ces Gashlycrumb Tinies, publiés en 1963 : films d’animation, spectacles, marionnettes, courts métrages, pièces musicales… Il aura pourtant fallu que s’écoulent près de 50 ans pour que ce texte soit traduit en français. Je serais d’ailleurs curieux de voir comment s’en est sorti Ludovic Flamant.

 Edward Gorey - The Gashlycrumb Tinies (Simon and Schuster, 1963)



Et pour profiter à la fois des illustrations et de la prosodie du texte :

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